« Screw this, you’re drunk enough. » Elle était totalement folle. Tout s’était passé extrêmement vite, et ma bouteille à vingt $ CA s’était explosée je ne savais où. Ça m’énervaaaaait! Elle pouvait être extrêmement chiante quand elle le voulait. Moralisatrice, et tout et tout. Elle ne m’aurait pas laissé boire en paix, elle voulait juste que je me rende compte que j’agissais mal. Je l’aurais bien tuée sur le coup, si je n’avais pas tant besoin de compagnie. De sa compagnie. Il n’y avait qu’elle pour me réconforter, en ce moment.

Tout s’était passé très vite. En la voyant balancer ma bouteille, j’avais sursauté du lit et j’étais tombé (parce que j’avais du mal avec l’équilibre, pour le moment) pour me relever aussitôt. J’étais le cliché du mec bourré. Comme dans les films. Voilà, c’était ça, j’étais une caricature. Je la montrais du doigt en m’exprimant : « Are you CRAZY ? Nobody can touch my bottle. Why have you just done it ? » J’avais essayé de garder mon sérieux, mais ça ne marchait pas. Alors j’avais éclaté de rire. C’était drôle, de rire avec Pino. C’était très drôle.

Elle était à présent loin de moi, et je m’étais reposé sur le lit. À mon aise, sans me poser de question. Elle avait choppé ma clope, et j’allais en ressortir une pour moi quand elle se décida à parler. « You suck so bad. » « I think it’s your nose which is too close from your lips. » C’était sorti tout seul, je ne le pensais pas, c’était une blague qu’on se faisait en primaire. Genre, « ça pue ici ! C’est ta faute, t’as le nez trop près de ta bouche ». Une connerie, en somme. Mais sur le coup, ça m’avait fait exploser de rire. Je ne savais plus me ravoir. Je pensais que j’allais m’étouffer et mourir de rire. Etait-ce réellement possible ? Mourir de rire. Une mort parfaite. Mon ambition dans la vie, pour être heureux jusqu’à la fin. « Don’t drink if you’re sad, it’ll just get worse. You’re so… Young. » Jeune. Je ne savais pas ce qu’elle entendait par là. Peut-être qu’elle pensait qu’à partir d’un certain âge, l’alcoolisme n’était pas grave. Qui sait, il y a peut-être des tarés qui pensent comme ça. Mais Max’ devait sûrement sous-entendre quelque chose, et je devais sûrement être trop saoul que pour le comprendre. J’étais un bon à rien juste là pour lacher des conneries à tor et à travers. « Maybe you’re right. I’m just a poor children, needing some affection. Wanna hug ? » Je lui fis mon plus grand sourire et lui ouvrit les bras. Sans réelle réponse, parce qu’en fait je n’en attendais pas réellement. C’était juste pour tourner à la dérision ce qu’elle venait de dire. Parce qu’en fait, je me sentais honteux, tout d’un coup, d’être apparu dans cet état devant elle. Honteux, c’était le mot. Je ne savais pas où me mettre, en fait. Elle qui était toujours là pour me rattraper dans mes conneries. J’aurais aimé pouvoir la soutenir comme elle le faisait pour moi, au moins une fois dans ma vie. Mais j’arrivais tous les jours dans un état plus pitoyable chez elle.

Elle était revenue près de moi et avait pris un air plus sérieux. Exactement ce que je ne souhaitais pas. Évidemment, nous arpentions un terrain dangereux en parlant ensemble de ma récente rupture. Car mon histoire avec June était liée avec celle de Pino, ainsi que l’histoire de June et Pino. C’était ça, nous étions un trio. Vous vous rappelez le bordel que ça a mis quand Ron et Harry se sont engueulés et que le roux est parti, dans le tome sept ? C’est en partie pour ça que les trios, c’est chaotique. Il y a toujours un insatisfait. « I don’t want you to feel this way, okay ? If there’s something I can do, I will but please stop drinking it doesn’t suit you well. Plus, I want my friend back, don’t want a wreck anymore. You know I’ll be there when things are bad but… But today things are not bad Cormaac, there’re just… different. You’re acting like a kid and you’re not even thinking about… What you’ve done or about the solutions that are right in front of you but that you can not see. Or just don’t wanna see. I’m being vague but that’s the most I can do to make you realise you’re not choosing the right way. Please Junk… » Ce qu’elle disait me percutait comme si je venais de traverser je ne sais quel mur du son ou trou inter dimensionnel. C’était profond. Elle avait tout compris. Bien mieux que moi, en fait. C’est ça qui me rendait malade ; moi je ne savais plus quoi penser, parce que je pensais avoir raison, je pensais que me morfondre était la solution. Mais il y avait cette fille qui me connaissait bien mieux que je ne me connaissais moi-même, qui me disait qu’il y avait autre chose. Je ne savais pas ce que c’était, cette autre chose. Je voulais juste qu’elle me dise quoi faire. Parce qu’elle avait toujours été de bon conseil, et qu’elle aurait pu me dire quoi que ce soit, je l’aurais crue. C’était comme ça. « You’ve probably made a mistake with June. » Tout sauf ça. « You don’t know what you’re talking about. » J’étais devenu sec. Quand bien même j’eusse une folle envie de parler de moi-même du fait que je pensais avoir peut-être fait une erreur, l’entendre de la bouche de quelqu’un d’autre était la dernière chose que je souhaitais. Je ne voulais surtout pas que Pino me fasse la morale, parce que si ça commençait, elle allait terminer par me dire « Don’t wanna see your face no more, me and my BFF are BFF so there’s no place for any heartbreaker. », puis elle partirait sans rien me dire, juste en agitant ses couettes. Ne me demandez pas pourquoi, mais, dans ma tête, cette scène sonnait comme si elle se déroulait au primaire. Je m’étais un peu calmé, mais je restais tendu, pardonnez-moi l’expression, comme un string. « I… was having my reasons. I just followed my way as I had to. »

Pino me semblait, et je ne savais pas pourquoi, tendue. Moi j’étais assez énervé, à vrai dire. Je ne savais pas pourquoi. Peut-être parce que j’avais une folle envie de fumer mais que je savais que si je le faisais, elle allait sûrement me décapiter. Je posais mes bras derrière ma tête. J’étais à l’aise. Je voulais qu’on oublie la mini-dispute que nous venions d’avoir, c’est tout. Je tournais ma tête et la relevais doucement pour la voir. « I’m sorry… I just don’t wanna talk about it. It’s hurting. I mean, not « hurting-hurting », but… It’s not really pleasant. I just wanna have a nice night. » Je la regardais dans les yeux. J’étais sincère. « And you’re the one I need tonight. You’re the best for that. I mean. Helping me forget. I need you tonight. » Dans ma bouche, mes propos n’avaient aucun double sens. Mais dans ma bouche seulement.